Les causes du mariage précoce ont souvent une origine culturelle liée à la religion ou aux traditions. Mais pas uniquement. La pauvreté et des chances d’éducation inégales peuvent également favoriser cette pratique. Le nombre de mariage d’enfants augmente aussi considérablement lors de situations d’urgence, en raison de pressions économiques et sociales.
Les inégalités liées au genre, qui sont encore très enracinées dans certaines sociétés, vont largement contribuer à faire des filles les principales victimes de ces mariages. Elles sont ainsi six fois plus impactées que les garçons.
Cependant, on observe une diminution de 15 % du phénomène depuis une dizaine d‘années. De plus en plus de filles ont en effet la possibilité d’aller à l’école, d’apprendre à lire et à écrire. Les lois plus nombreuses qui condamnent les mariages d’enfants et les campagnes dénonçant les conséquences très négatives de cette pratique semblent enfin porter leurs fruits.
Quelle que soit la raison sous-jacente d’un mariage précoce, ses conséquences seront toujours négatives. Une union d’un tel ordre va arrêter une jeune fille dans son développement personnel et la priver de son enfance et de ses droits. La plupart du temps, les “trop jeunes mariées” doivent abandonner l’école. Elles ont alors moins de chances de pouvoir apprendre et de trouver un métier.
Une jeune fille qui est victime d’un mariage précoce est aussi physiquement en danger. Il est avéré que la violence domestique, l’exploitation sexuelle et l’isolation sociale sont plus fréquentes au sein de mariages où l’épouse est très jeune.
Les risques au niveau de la santé sont également importants. Dans la mesure ou les jeunes filles ne peuvent pas refuser d’avoir des rapports non-protégés avec leur époux, elles s’exposent à contracter le VIH/SIDA.
Il arrive fréquemment que de très jeunes filles tombent enceintes juste après leur mariage. Le risque de décéder en couches est cinq fois plus élevé pour des jeunes filles de moins de 15 ans étant donné que leur corps n’est généralement pas prêt pour supporter une grossesse. Parfois, ces jeunes filles n’ont pas non plus la maturité ou ne sont pas prêtes mentalement pour vivre une telle expérience.
Chaque année, on déplore le décès de milliers de jeunes filles entre 15 et 19 ans dû à des grossesses précoces.
Les enfants de mères adolescentes ont des chances de survie plus faibles. Le risque pour un bébé de décéder durant sa première année de vie est 60% plus élevé si sa maman a moins de 18 ans. Même lorsqu’ils survivent, ces enfants encourent toujours des risques importants comme celui de souffrir de malnutrition, par exemple. Trop souvent, des jeunes mamans ne savent pas comment elles doivent élever leur enfant ou comment s’en occuper pour le préserver de maladies.
Les filles et les garçons qui sont mariés à un âge inapproprié, ne pourront souvent pas acquérir les compétences nécessaires pour trouver un travail, sortir leur famille de la pauvreté, et contribuer à la croissance sociale et économique de leur pays.
1. Dialogue et plaidoyer
Si l’on veut mettre un terme aux mariages précoces, il faut clairement entamer un dialogue avec les enfants, les parents et les autorités. Nous tentons de faire comprendre aux parents qu’ils rendent un bien plus grand service à leurs filles en les laissant achever leurs études qu’en les mariant à un âge inapproprié pour elles.
Parallèlement, nous travaillons avec les autorités afin de les convaincre de la nécessité de rehausser à 18 ans l’âge légal du mariage. Dans la mesure où nous abordons cette problématique à tous les niveaux – que ce soit depuis les petites structures ou organisations de base jusqu’aux plus hauts échelons du gouvernement – nous bénéficions d’une position unique pour mener à bien ce dialogue.
En 2016, nous avons lancé un programme en concertation avec le FNUAP (Fonds des NU pour la Population) afin de mettre un terme au mariage des enfants dans 12 pays où cette pratique est particulièrement étendue : Bangladesh, Burkina Faso, Ethiopie, Ghana, Inde, Mozambique, Népal, Niger, Ouganda, Sierra Leone, Yémen et Zambie.
2. Sensibilisation et protection
L’UNICEF développe des campagnes de sensibilisation afin de modifier les normes et les traditions qui perpétuent le mariage précoce. Pour leur donner tout l’écho nécessaire, il implique des jeunes filles, des parents, des enseignants et des leaders religieux. Pour ces différentes actions de sensibilisation, nous recourons à des canaux très divers : théâtre de rue, comités de village, télévisions et radios locales, réseaux sociaux.
Nous mettons tout en œuvre afin d’informer les jeunes filles de leurs droits - qui sont inscrits dans la Convention relative aux droits de l’enfant - et pour leur faire prendre conscience que personne ne peut les obliger à se marier. Les jeunes filles qui connaissent bien leurs droits sont plus à même de refuser des décisions arbitraires. Dans certains programmes, les jeunes filles apprennent la technique de la narration et acquièrent des compétences dans le domaine digital afin de pouvoir partager leurs histoire et expériences avec un maximum de personnes.
Nous mettons également des points de contact et des lignes d’appel directe à disposition des jeunes filles qui risquent d’être victimes de mariages précoces ou qui sont déjà mariées et soutenons les services de protection qui leur viennent en aide.
3. Améliorer l'accès à l'éducation
Les jeunes filles qui abandonnent prématurément leurs études risquent trois fois plus souvent d’être mariées avant l’âge de 18 ans que celles qui effectuent des études secondaires moyennes ou supérieures. La réduction des mariages précoces passe par une amélioration de l’accès à l’éducation. L’éducation des jeunes filles constitue une arme réelle contre la pauvreté, les grossesses précoces et les inégalités.
Nous centrons nos efforts sur les jeunes filles les plus à risques et nous les encourageons à suivre une formation afin qu’elles puissent mieux prendre leur vie en mains et avoir de meilleures perspectives. Nous plaidons également pour des investissements plus importants dans l’éducation des filles.
Les mariages d’enfants sont les plus fréquents en Afrique subsaharienne, où 4 filles sur 10 se marient avant 18 ans. L’Amérique latine et les Caraïbes (25%), le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord (17%) et l’Europe orientale et l’Asie Centrale (11%) sont également fort touchés par cette problématique.
On sait que le phénomène est en léger recul à l’échelle de la planète. Les progrès les plus importants ont été enregistrés en Asie du Sud, où le risque pour les jeunes filles d’être mariées durant leur enfance a baissé d’un tiers, soit de 50% à 30%.
Pourtant, on estime encore à 12 millions le nombre de jeunes filles qui sont mariées chaque année et qui n’auront jamais eu une enfance complète. Il reste encore du chemin à faire pour atteindre les Objectifs de Développement Durable de 2030.