Les toutes premières estimations mondiales et régionales de l’UNICEF relatives à la violence sexuelle envers les enfants révèlent l’ampleur de ces violences, qui touchent particulièrement les adolescentes et entraînent souvent des conséquences irréversibles. Plus de 370 millions de filles et de femmes dans le monde sont concernées, soit 1 sur 8. Des chiffres qui soulignent l’urgence de mettre en place des stratégies de prévention et de soutien permettant de lutter efficacement contre toutes les formes de violence et d'agression.
Si l’on tient compte des violences sexuelles « sans contact physique » telles que les agressions verbales ou en ligne, le nombre de filles et de femmes concernées à l’échelle mondiale atteint les 650 millions, soit 1 femme sur 5. Dans des contextes fragiles, comme lors de déplacements de la population par exemple, les filles sont exposées à un risque encore plus élevé. Les chiffres dépassent alors les 25%.
La violence sexuelle envers les enfants est universelle puisqu’elle ne dépend pas du contexte géographique, culturel ou économique. C’est cependant en Afrique subsaharienne que les chiffres explosent : 79 millions de filles et de femmes sont concernées, soit 22% de la population féminine.
Autres statistiques
• Asie orientale et Asie du Sud-Est : 75 millions, soit 8%.
• Asie centrale et Asie du Sud : 73 millions, soit 9%.
• Europe et Amérique du Nord : 68 millions, soit 14%.
• Amérique latine et Caraïbes : 45 millions, soit 18%.
• Afrique du Nord et Asie occidentale : 29 millions, soit 15%.
• Océanie : 6 millions, soit 34%.
Un pic observé entre 14 et 17 ans
La plupart des violences sexuelles interviennent au cours de l’adolescence, avec un pic important entre 14 et 17 ans. Les études montrent également que les enfants qui subissent des violences sexuelles ont plus de risques de souffrir d’abus répétés au cours de leur vie.
En effet, les personnes survivantes portent souvent le traumatisme des violences sexuelles jusqu’à l’âge adulte et sont davantage exposées aux maladies sexuellement transmissibles, à la consommation de drogues, à l’isolement social et aux problèmes de santé mentale tels que l’anxiété et la dépression. Les conséquences sont d’autant plus importantes lorsque les enfants tardent à parler de ce qu’ils ont vécu ou taisent complètement les violences.
Les garçons ne sont pas épargnés
S’il s’agit d’une problématique touchant majoritairement les jeunes filles et les femmes, les garçons ne sont pas pour autant épargnés. On estime que 240 à 310 millions de garçons et d’hommes, soit 1 sur 11, ont subi un viol ou une agression sexuelle pendant l’enfance. Si l’on tient compte des violences sexuelles sans contact physique, ce chiffre atteint 410 à 530 millions, selon les estimations.
Les données révèlent qu’il est urgent d’intensifier l’action mondiale visant à lutter contre la violence sexuelle envers les mineurs. Les lacunes persistantes en matière de données, notamment pour les cas concernant les garçons et les formes de violences sexuelles sans contact physique, soulignent la nécessité d’un investissement accru en faveur de la collecte de données. Celle-ci permettrait d’appréhender l’ampleur réelle des violences sexuelles commises contre les enfants.
- Remettant en question et en modifiant les normes sociales et culturelles qui permettent ces violences et découragent les enfants de demander de l’aide.
- Fournissant à chaque enfant des informations pertinentes, accessibles et adaptées à son âge, qui lui permettent de reconnaître et de dénoncer la violence sexuelle.
- Garantissant que chaque enfant victime et survivant ait accès à des services qui favorisent la justice et la guérison, et qui réduisent le risque de subir d’autres préjudices.
- Renforçant les lois et les réglementations afin de protéger les enfants contre toutes les formes de violence sexuelle, notamment dans les organisations œuvrant auprès des enfants, et en investissant dans les personnes, les ressources et les systèmes nécessaires à leur application.
- Établissant des systèmes nationaux de données de meilleure qualité qui permettent de suivre les progrès et de mettre en œuvre des normes internationales telles que la Classification internationale de la violence contre les enfants.