Mise à jour : 29 novembre 2024
La situation de ces dernières semaines en Haïti, qui connaissait déjà une grande crise politique et sécuritaire, inquiète particulièrement. Les départements de l’Artibonite et de l’Ouest, incluant la capitale Port-au-Prince, sont confrontés à une situation alarmante : l’extension des groupes armés, l’accroissement de la violence et de l’insécurité, les nombreuses destructions, le blocage des routes et l’effondrement du système de santé mettent quotidiennement en danger la vie d’innombrables enfants. Dans ce contexte, près de 125.000 d’entre eux sont menacés par la malnutrition aiguë et risquent de perdre la vie.
Les résultats du dernier rapport de l’IPC (Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire) font état d’une augmentation de 19% du nombre d’enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère en Haïti. De plus, 1,64 million de personnes sont confrontées à une insécurité aiguë correspondant à la phase 4 de la classification du niveau d’urgence, ce qui augmente le risque d’émaciation (malnutrition aiguë) chez les enfants.
La violence des gangs en Haïti s'est considérablement aggravée ces dernières années. Une intensification qui a eu de graves conséquences sur la sécurité et le bien-être des enfants. Entre 2023 et 2024, le nombre d'enfants enrôlés dans des groupes armés a augmenté de 70%. À Port-au-Prince, près de 1,2 million d'enfants vivent sous une menace constante. Parmi les 703.000 personnes qui ont dû quitter leur foyer, dont 365.000 enfants, près de 25% vivent actuellement dans des conditions précaires et sont exposées à divers dangers.
Les enfants qui grandissent dans un tel environnement subissent des conséquences dévastatrices, qui les marqueront toute leur vie. Au-delà de l’enrôlement au sein des groupes armés, bon nombre de ces enfants subissent des violences sexuelles. Et pour ceux qui tentent d'y échapper, le risque d'être tués ou blessés est encore plus important. La violence des gangs ne menace pas seulement la sécurité physique des enfants, elle leur cause aussi de profonds dommages psychologiques.
Malgré le fait que la situation actuelle ait limité l’acheminement de l’aide humanitaire et ait affecté un système de santé déjà fragile, l’UNICEF a pu aider plus de 119.000 personnes en février dernier, y compris des personnes déplacées.
Une aide qui s’est traduite de diverses façons :
- Un accès à l’eau et aux produits d’hygiène a été fourni
- Plus de 55.000 enfants ont bénéficié d’un dépistage de l’émaciation
- Plus de 40.000 femmes et enfants ont eu accès à des services de santé
- Plus de 1.000 enfants ont bénéficié d’une éducation en situation d’urgence
- Plus de 9.000 enfants ont bénéficié d’un soutien psychosocial
En collaboration avec le gouvernement et ses partenaires, l’UNICEF aide à maintenir les systèmes et services nationaux et régionaux, mais aussi les services de proximité dont dépendent les enfants et les familles dans les zones les plus instables.
En 2024, le montant nécessaire pour pouvoir répondre aux besoins humanitaires des femmes et des enfants en grande situation de vulnérabilité en Haïti est estimé à environ 206 millions d’euros (soit 221,7 millions de dollars). L’appel humanitaire est pourtant actuellement confronté à un déficit de financement de 92%. Selon Catherine Russell, directrice générale de l’UNICEF : « La population en Haïti a besoin de toute urgence de sécurité, afin de pouvoir accéder aux services vitaux dont elle dépend et pour que les travailleurs humanitaires puissent atteindre les enfants et les familles qui en ont désespérément besoin. »
Vous souhaitez en apprendre davantage sur les crises humanitaires et leur lien étroit avec les droits de l'enfant ?
Écoutez le troisième épisode de notre podcast « Parlons-en ! »
- Une accélération des efforts de la part de la communauté internationale pour protéger les civils, rétablir la loi et assurer la circulation des travailleurs humanitaires et des fournitures vitales.
- Une augmentation des financements pour répondre aux besoins des personnes en situation de vulnérabilité, en veillant à ce que l’aide parvienne aux populations touchées le plus rapidement possible.
- La protection des écoles, des hôpitaux et des autres infrastructures essentielles dont dépendent les enfants, ainsi qu’à la sauvegarde des espaces humanitaires.