Le nombre total de rohingyas qui ont fui vers le Bangladesh et qui sont encore coincés au Myanmar s’élève à 720.000 !
Aucune route n’est facile ni rapide. Ces expéditions prennent plusieurs semaines et conduisent les réfugiés à travers des jungles profondes et des rizières sans fin avec très peu de nourriture, d’eau ou d’effets personnels.
Les enfants et les personnes plus âgées sont souvent transportées dans des mannes ou des brancards improvisés. Certains d’entre eux n’y survivent pas.
D’autres y arrivent mais se retrouvent bloqués.
C’est ainsi que près de 12.000 personnes se sont retrouvées coincées à Zero Point, un no man’s land entre le Myanmar et le Bangladesh.
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Le récit de Huzzatul symbolise à lui seul toute la crise des Rohingyas. Les Rohingyas ont été chassés de leurs maisons et de leurs communautés et se retrouvent en terre inconnue. Dépouillés de leurs droits fondamentaux, ils doivent faire face à de nouvelles menaces pour leur santé et pour leur vie.
Des milliers de Rohingya continuent d’affluer hebdomadairement.
Avec la saison des pluies qui approche, les perspectives de toutes ces familles s’assombrissent encore un peu plus.
Sans aide, peu de familles rohingyas ont les moyens de survivre dans un tel contexte. Il faut trouver d’urgence des fonds et des moyens supplémentaires pour remédier à la vulnérabilité des camps et pour renforcer les infrastructures dont tant de personnes dépendent.
Minara a 20 ans. Elle est arrivée au Bangladesh avec son mari et son enfant de trois mois après un voyage épuisant.
Ils vivent à trois dans une petite hutte construite avec des bambous et quelques morceaux de plastique qui a bien du mal à les préserver des pluies torrentielles qui s’abattent régulièrement sur la région.
Lorsqu’ils sont arrivés en, octobre, ils n’avaient aucun abri, aucun effet personnel. Ils sont totalement dépendants de l’aide qu’ils reçoivent des organisations humanitaires.
Pour des familles comme celle de Minara, même une tempête d’intensité moyenne peut avoir de graves conséquences.
Des espaces amis des enfants
Le Bangladesh est un pays plat – la plus grande partie de ses terres est située à 12 mètres à peine au-dessus du niveau de la mer. Le pays se termine au sud par un vaste delta à l’intersection de trois grands fleuves ce qui le rend très vulnérable aux inondations.
La plupart des huttes ont été fabriquées sommairement avec quelques bambous et un peu de plastique. Dans les camps surpeuplés qui ne cesse de s’agrandir, règne le chaos.
Les familles envoient fréquemment leurs enfants chercher du bois ou fouiller là où ils pourraient trouver des objets réutilisables.
Les routes qu’ils doivent emprunter en direction des forêts les plus proches ne sont pas toujours sûres. De nombreuses jeunes filles racontent qu’on les ennuie régulièrement sur ces routes.
L’UNICEF tente d’approcher tous ces jeunes qui vivent dans les camps. Près de 700 groupes de jeunes ont été formés. Ils permettent aux enfants d’apprendre des compétences de vie et d’exercer diverses activités. L’UNICEF déploie également des efforts supplémentaires pour intégrer les filles dans ces groupes, celles-ci étant souvent confinées chez elles.
Assainissement et hygiène (WaSH)
L’assainissement et l’hygiène constituent un défi constant dans des camps où il existe 1 latrine pour 100 personnes. Les maladies ne sont jamais loin.. Une épidémie récente de diphtérie a causé la mort de 37 personnes. Au moins 24 d’entre elles étaient des enfants. Une épidémie de diarrhée pourrait faire des milliers de victimes.
Des hommes avec des mégaphones ont sillonné les camps pour signaler la présence des équipes de vaccination. Ils ont également fait passer une chanson traitant de ‘gola jula’ – la diphtérie comme on la désigne dans la langue des Rohingyas. Cette chanson fut composée spécialement pour l’occasion.
Malnutrition
La malnutrition est l’une des principales menaces qui pèsent sur les enfants rohingyas. Plus de 15% présentent des signes de malnutrition aiguë sévère.
L’un des causes de ce problème est la dépendance complète de la plupart des familles d’un type de nourriture quasi unique distribué dans les camps. Il s’agit surtout de riz, d’huile, de sel et de lentilles.
Les mamans s’y font conseiller et apprennent comment préparer des repas nutritifs. Elles y disposent aussi d’un espace réservé pour allaiter leur enfant.
Education
Dans le camp boueux de Zero Point et dans d’autres camps rohingyas, les enfants n’ont qu’une envie : retourner à l’école.
Dans une crise d’une telle ampleur, de nombreux enfants n’ont pas cette chance.
Jusqu’à présent, l’UNICEF a ouvert 867 centres d’apprentissage où plus de 90.000 enfants peuvent suivre des cours.
Beaucoup de choses ont été réalisées depuis août 2017. Mais il reste tant à faire pour protéger ces groupes de population exilés. Et surtout pour apporter des solutions à cette crise aux conséquences douloureuses pour toute une génération d’enfants rohingyas condamnés pour l’instant à vivre dans la plus grande incertitude.