"La première fois, nous avons fui de Manyabol à Gumuruk parce que nos vies étaient en danger", raconte Nyachimach. "Des centaines de personnes ont été blessées au cours de l'affrontement et beaucoup y ont perdu la vie. Puis Gumuruk a également été attaquée et nous avons dû fuir à nouveau."
La famille, composée de 10 personnes, a alors décidé de se réfugier à Pibor, où elle avait des proches. Mais peu après leur arrivée, leur refuge a été détruit par des inondations. "Nous nous sommes établis à deux autres endroits encore à Pibor mais à chaque fois, des inondations nous en ont chassés", explique Nyachimach.
Cette situation difficile commence à avoir des répercussions sur ses plus jeunes enfants. Koli (4 ans) et Gol (4 mois) ont de la fièvre depuis plus d'un mois. Elle est donc venue avec eux au centre de santé improvisé de Pibor, soutenu par l'UNICEF.
Le centre, composé de tentes et de bâches, a remplacé la clinique qui a été inondée il y a quelques semaines lorsque la rivière Pibor a commencé à déborder sur les berges environnantes. Il fait encore sec là-bas, mais l'eau continue de monter quotidiennement. Chaque jour, de nouveaux terrains, maisons et routes sont engloutis par les eaux de la rivière.
Koli est tranquillement assise à côté de sa mère. "Elle n'a pas beaucoup d'énergie", explique Nyachimach. Nous avons dû tout laisser derrière nous lorsque nous avons fui la première fois. Avec les inondations, il est souvent difficile de satisfaire certains besoins fondamentaux des enfants, tels que la nourriture et l'eau. "Je m'inquiète beaucoup. C'est un sentiment terrible quand on ne peut pas s'occuper comme il faut de ses enfants."
Au centre de santé soutenu par l'UNICEF, un test confirme que la fillette de quatre ans souffre du paludisme. Les eaux de crue attirent de nombreux moustiques qui véhiculent la malaria.
Koli est traitée avec de l'artémisinine, un médicament contre le paludisme. La famille reçoit également une moustiquaire pour la protéger contre les moustiques anophèles, vecteurs du paludisme. La petite Koli fait aussi l'objet d'un test pour dépister un état éventuel de malnutrition. La couleur rouge indiquée par le bracelet de mesure montre qu'elle souffre de malnutrition aiguë sévère.
Nyachimach souffre, elle aussi, de malnutrition aiguë. Parce qu'elle allaite, elle et Koli seront dirigées vers le centre nutritionnel voisin soutenu par l'UNICEF. Le centre est installé dans une tente en raison des inondations.