Pour la première fois, le rapport « Child Food Poverty: Nutrition Deprivation in Early Childhood », que vous pouvez télécharger dans cet article, analyse dans près de 100 pays les incidences et les causes des privations nutritionnelles chez les jeunes enfants (toutes tranches de revenu confondues). Il alerte sur le fait que des millions d’enfants de moins de 5 ans sont dans l’incapacité de consommer, faute d’y avoir accès, les aliments nutritifs et diversifiés dont ils ont besoin pour grandir et se développer de manière optimale.
Les enfants qui consomment des aliments issus de deux groupes alimentaires (ou moins) sur les huit définis sont jugés en situation de pauvreté alimentaire sévère. Ainsi, quatre enfants concernés sur cinq ne consomment que du lait maternel/des produits laitiers et/ou des féculents tels que le riz, le maïs ou le blé. Moins de 10% mangent des fruits et des légumes, et moins de 5% consomment des aliments riches en nutriments tels que les œufs, le poisson, la volaille ou la viande rouge.
Ce rapport avertit que, si certains pays ne sont pas encore remis des retombées socioéconomiques de la pandémie de Covid-19, les effets conjugués de la multiplication des inégalités, des conflits et de la crise climatique ont engendré une hausse sans précédent du prix des denrées alimentaires et du coût de la vie.
À noter qu'à l’échelle mondiale, 20 pays concentrent à eux seuls 65% des 181 millions d’enfants vivant dans une situation de pauvreté alimentaire sévère. L’Asie du Sud et l’Afrique subsaharienne abritent respectivement environ 64 millions et 59 millions d’enfants concernés. En Somalie par exemple, pays en proie à un conflit mais aussi à la sécheresse et aux inondations, 63% des enfants sont en situation de pauvreté alimentaire sévère, tandis que dans les communautés les plus vulnérables, plus de 80% des personnes s’occupant d’enfants ont déclaré avoir déjà dû priver ces derniers de nourriture pendant une journée entière.
Dans la bande de Gaza, des mois d’hostilités et de restrictions de l’aide humanitaire ont entraîné l’effondrement des systèmes alimentaire et de santé, avec des conséquences catastrophiques pour les enfants et leurs familles. D’après les données recueillies à cinq reprises entre décembre 2023 et avril 2024, neuf enfants sur dix au sein de l’enclave sont en situation de pauvreté alimentaire sévère, ne subsistant qu’avec une alimentation composée de deux groupes alimentaires par jour, voire moins.
Selon le rapport, près de la moitié (46%) des enfants en situation de pauvreté alimentaire sévère sont issus de ménages à revenu faible, chez lesquels la pauvreté monétaire constitue probablement un facteur majeur. Les 54% d’enfants restants (soit 97 millions) sont issus de ménages plus aisés, chez lesquels la pauvreté alimentaire durant la petite enfance résulte d’un environnement alimentaire inadéquat et de mauvaises pratiques nutritionnelles.
De belles avancées
De bons résultats ont cependant été enregistrés. C’est notamment le cas du Burkina Faso qui a réussi à réduire de moitié le taux de pauvreté alimentaire sévère chez les enfants, passant de 67% en 2010 à 32% en 2021. Le Népal a également réalisé des progrès significatifs puisque son taux de pauvreté alimentaire sévère chez les enfants est passé de 20% en 2011 à seulement 8% en 2022. Le Pérou, quant à lui, enregistre un taux inférieur à 5% depuis 2014, malgré une période de récession économique prolongée. Enfin, le Rwanda a également réduit son taux, le voyant passer de 20% en 2010 à 12% en 2020.
Vous souhaitez en apprendre davantage sur la pauvreté infantile et son lien étroit avec les droits de l'enfant ?
Écoutez le quatrième épisode de notre podcast « Parlons-en ! »
- Transformer les systèmes alimentaires pour faire en sorte que les aliments nutritifs, diversifiés et sains constituent la solution la plus accessible, attrayante et financièrement abordable pour nourrir les jeunes enfants.
- Mobiliser les systèmes de santé pour fournir des services nutritionnels essentiels afin de prévenir et de traiter la malnutrition durant la petite enfance, notamment en soutenant les agents communautaires de santé et de nutrition dans leurs activités de conseils aux parents et aux familles sur les pratiques d’alimentation et de soins des enfants.
- Activer les systèmes de protection sociale pour remédier à la pauvreté monétaire par des moyens permettant de répondre aux besoins alimentaires et nutritionnels des enfants vulnérables et de leurs familles, notamment des transferts sociaux (en espèces, en bons d’échange et en nourriture).