Mise à jour : 15 avril 2025
Alors que le conflit entre dans sa troisième année, le nombre d’enfants ayant besoin d’une aide humanitaire a doublé, passant de 7,8 millions début 2023 à plus de 15 millions à l’heure actuelle. Des chiffres accablants, qui attestent de l’urgence de la situation. Depuis que le conflit a éclaté en avril 2023, des milliers d'enfants ont été tués ou blessés, et les violences sexuelles ainsi que le recrutement de mineur·es ont été largement signalés.
Les actes de violence commis à l’encontre des enfants et les déplacements de population se multiplient et continuent de bouleverser la vie des familles. Sans compter l’arrivée de la saison des pluies, qui s’étend de mai à octobre, et qui est souvent accompagnée d’inondations et d’une résurgence des épidémies et des cas de malnutrition. Au cours de l’année 2024, près de 49.000 cas de choléra et plus de 11.000 cas de dengue avaient déjà été déclarés, dont 60% concernaient des mères et des enfants.
À noter que cette année, plus de la moitié des 30 millions de personnes ayant besoin d’une assistance humanitaire sont des enfants. Il en va de même pour plus de la moitié des 15 millions de personnes déplacées par le conflit, tant à l’intérieur du territoire soudanais qu’au-delà de ses frontières. Parmi ces enfants, près d’un tiers sont âgés de moins de 5 ans. L’accès limité aux services essentiels les exposent à des risques extrêmement élevés, tandis que la famine gagne du terrain, que les taux de vaccination continuent de chuter et qu’environ 90% des enfants du pays sont déscolarisés.
Une situation aggravée par une combinaison de facteurs :
- Le nombre de violations graves commises à l’encontre des enfants a augmenté de 1.000% en deux ans ;
- Ces actes sont désormais attestés dans plus de la moitié des 18 États soudanais ;
- Les violations graves incluent les meurtres, les mutilations et les enlèvements d’enfants, ainsi que les attaques contre les écoles et les hôpitaux ;
- La famine, déjà installée dans au moins cinq localités, est sur le point d’être déclarée dans cinq autres ;
- À l’approche de la saison des pluies, sept des localités concernées sont également vulnérables aux inondations, sachant que c’est précisément à cette période qu’ont été admis près de 60% des cas annuels de malnutrition aiguë sévère entre 2022 et 2024 ;
- Si cette tendance se maintient, on pourrait recenser jusqu’à 462.000 enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère entre les mois de mai et d’octobre.
Déclaration de famine
C'est la première déclaration de famine dans le monde en sept ans par le Famine Review Committee (FRC). À noter que la confirmation officielle d'une famine signifie que des décès en rapport avec la faim et des maladies connexes, telles que la malnutrition et les infections, ont été enregistrés. Une nouvelle qui confirme nos préoccupations concernant la famine qui sévit dans certaines parties du Soudan, causant des souffrances immenses aux enfants et aux familles déjà touchées par l'impact d'une guerre atroce.
Le fait que le Famine Review Committee (FRC) déclare une famine dans le camp de Zamzam est la première déclaration de famine par le comité en plus de 7 ans, et seulement la troisième fois qu'une famine a été déclarée depuis la création du système de surveillance il y a 20 ans.
En 2024, l’UNICEF et ses partenaires ont fourni au Soudan un soutien psychosocial ainsi que des services d’éducation et de protection à 2,7 millions d’enfants et de personnes qui en ont la charge, approvisionné plus de 9,8 millions d’enfants et de familles en eau potable, assuré un dépistage de la malnutrition chez 6,7 millions d’enfants et administré un traitement vital à 422.000 d’entre eux.
En raison de l’intensité du conflit et des restrictions imposées par les autorités gouvernementales ou par certains groupes armés, l’acheminement de l’aide humanitaire a été retardé dans plus de 60% des cas. Si aucune mission n’a été annulée ou interrompue, cette situation a toutefois perturbé la fourniture de l’aide en temps voulu et entravé l’accès aux enfants en proie à des besoins urgents.
« Alors que le Soudan traverse actuellement la crise humanitaire la plus grave au monde, il ne bénéficie pas de l’attention qu’il mérite de la part de la communauté internationale », a ajouté Catherine Russell. « Nous ne pouvons pas abandonner ces enfants à leur sort. Malgré notre expertise et notre volonté d’intensifier nos actions, nos efforts restent limités en l’absence d’un accès aux populations et de financements pérennes. »
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